
Le point sur Cannaphobia
LE POINT SUR CANNAPHOBIA : une histoire d’interprétation et de conjugaison
Les difficultés que j ai rencontrées pour monter ce projet ont été nombreuses, que ce soient les portes fermées ou les contraintes financières pour le produire. Entre les galères de matériel, problèmes de santé et autres imprévus qui ont fait que j’ai dû improviser sur le chemin, on peut vraiment dire que j’ai passé des moments difficiles dernièrement…
Dès le départ, si je n’avais pas été célibataire et sans enfants, je ne pense pas que j’aurai pris le risque de réaliser un tel projet, car je me doutais bien que ça aller être un peu compliqué… mais pas tout ce que cela pouvait impliquer. De retour sur la post-production et n´étant pas encore tout à fait satisfait du résultat, je continue de peaufiner la narration et le montage car j’hésite encore sur quelques points, pendant que la diffusion des interviews commence en continu à partir de la semaine prochaine.

Cannaphobia est un projet documentaire indépendant qui a démarré il y a plusieurs mois et dont la vocation était au départ d’explorer les différentes facettes du CBD, avant de s’élargir autour de la plante en général, de ses diverses applications et des peurs qui y sont liées. Différents sons de cloches, divergences entre certains discours, pas toujours évident de s’y retrouver et de démêler le vrai du faux.
Le CBD, molécule extraite du chanvre et qui fait partie de la grande famille des cannabinoïdes, est maintenant reconnue dans le monde entier comme ayant de nombreuses vertus, en plus de ses propriétés relaxantes, pour soulager certaines douleurs neuropathiques ou diverses pathologies existantes tel que l’épilepsie, notamment infantile, mais aussi les douleurs articulaires des personnes âgées par exemple. Cela ne guérit donc pas mais contribue bien à une certaine amélioration de leur qualité de vie.

D’où le terme « Chanvre bien-être », cette filière émergente qui gravite autour du CBD, qui peut aussi être consommé sous forme d´huile de CBD, d’e-liquides pour vape, de produits alimentaires ou directement à partir des fleurs de chanvre. Le cannabidiol, ou CBD, n´entraine aucune dépendance connue à ce jour.

LA PEUR DES CANNNABINOÏDES
Mais quand on parle plus précisément de cannabis à visée thérapeutique, il s’agit bien de THC et de CBD selon des pourcentages et ratios différents… Encore plus efficace s´il est accompagné des terpènes et autres cannabinoïdes de la plante, et ce même si le CBD seul pourrait également être utilisé dans un cadre « médical » pour certains traitements spécifiques, il faut le reconnaître. Le THC lui aussi peut aussi être utilisé seul dans un cadre similaire, et c’est en associant ces deux molécules, le THC et le CBD, qu’on pourrait obtenir les meilleurs résultats en général, grâce au fameux Ratio 1:1.
Mais cela peut également devenir plus complexe quand aux choix des variétés selon les cas et personnes, en prenant compte de nos différents systèmes endocannabinoïdes et ce même jusqu’à nos différences d´ADN. Nos corps, en plus de produire déjà des cannabinoïdes de type endogène, possèdent des récepteurs qui interagissent naturellement avec les cannabinoïdes de la plante, ce qui n’est pas le cas de nombreux médicaments. Chaque cannabinoïde provoque des effets différents et parfois totalement opposés, comme par exemple le fait que le THC ouvre énormément l’appétit, alors que le THCV coupe la faim. Les terpènes (qui définissent les arômes et odeurs de chaque variété) peuvent également contribuer aux effets thérapeutiques tout en possédant eux même de nombreuses vertus.

LES FLEURS DU MAL?
Ce n´est donc plus juste une histoire de gentil CBD et de méchant THC, et les choses se compliquent encore plus quand on prend en compte la centaine de cannabinoïdes produits par la plante. On continue de découvrir chaque jour de nouvelles applications et interactions possibles entre ces cannabinoïdes, les terpènes, etc… et bien qu´il y ait d’innombrables publications scientifiques déjà existantes, de nouvelles études sont constamment en cours, et j’attends les conclusions de certaines avec impatience…

Je consomme du CBD depuis maintenant un peu plus de deux ans, et je m’y étais déjà intéressé depuis l´affaire kanaVape en 2014. Cela partait d´une idée simple, je veux savoir ce que je consomme et avoir des réponses concrètes concernant également les autres vertus de cette plante. La première étape du projet avait commencé à l’époque de la note de la Mildeca à travers quelques recherches, suivi quelques mois plus tard de mailing, messages et de coups de téléphone qui restaient souvent sans réponses… Puis j’ai décidé de sauter le pas et de partir sur le terrain comme disent nos amis journalistes, en commençant par Expogrow, la foire du chanvre à Irún…

POINT DE DÉPART
Au début du tournage et concernant le CBD, j’arrivais à une période qui suivait les vagues de fermetures des shops CBD en France, d´avertissements ou de perquisitions pour les commerces espagnols… Le CBD avait été interdit par les autorités à la dernière Spannabis de Madrid alors qu’il y avait pourtant du THC de tous les cotés. Les professionnels ou fabricants étaient pour la plupart très inquiets de la situation et méfiants à la limite de la paranoïa, genre « on ne peut pas s´exprimer sur le sujet« , « reviens plus tard », « pas de déclarations médicales » (ce qui est tout de même compréhensible) et autres réponses en cantonais (concernant le CBD chinois of course).
Par la suite est donc arrivée cette partie « phobie », cette histoire de peur, cette paranoïa ambiante et ce rejet social de la plante qui m’a alors sauté aux yeux. En fait tous ces évènements et circonstances m’ont poussé dans cette direction. Vaste sujet.

CANNABIS BREAKDOWN
L’industrialisation du cannabis n´aura pas que des effets positifs et les requins du chanvre bien-être ou du cannabis « médical » sont déjà sur les starting-blocks. Depuis quelques temps je vois des produits CBD qui débarquent sur le marché français, là on ne marche même plus sur la tête, c’est carrément du Breakdance au plafond… certains ont vraiment de la suite dans les idées pour s’adapter aux « recommandations », mais souvent quand on demande plus de précisions; quel type d´extraction, quelle provenance, plante ou synthèse, aucune traçabilité, pas de réponses… Pas toujours rassurant… Plusieurs fois j’ai rencontré des professionnels qui ne connaissaient même pas vraiment, et encore moins n´avaient testé, les produits qu’ils fabriquaient, distribuaient ou vendaient. Heureusement que le plus grand nombre travaille tout de même avec éthique, de bons produits et respectent les consommateurs.

On veut nous le vendre à toutes les sauces mais ce n´est pas non plus un produit miracle, bien que cette molécule ait des propriétés qu´on ne peut plus nier… Nous évoluons dans une société où il y a tant de maladies liées aux problèmes de stress qu’elle peut être utile pour beaucoup, même si on oublie souvent qu’il existe aussi de nombreux autres remèdes naturels ou autres moyens de relaxations telles que le yoga, la méditation, l’acupuncture… et qui sont moins coûteux. Une étude en Espagne avait récemment mis en lumière que pour certains produits analysés (pour des huiles CBD notamment) beaucoup ne contenaient même pas de CBD… il ne faut alors pas s’étonner que cela ne fasse aucun effet… Mais ce sont ceux qui souffrent d’une pathologie pouvant être « traitée » avec du cannabidiol qui sont le plus à même d’en parler ou d’en ressentir les effets.

VOUS AVEZ DIT ENDOCANNABINOÏDE?
Le CBD peut ne rien vous faire si vous êtes déjà équilibré, en bonne santé et naturellement détendu (si ce n´est une légère relaxation musculaire supplémentaire) ou plutôt si votre système endocannabinoïde est déjà équilibré. C’est une donnée importante à retenir si vous n´êtes atteint d’aucune des pathologies ou symptômes pouvant être traitée avec du CBD. Tout comme notre système respiratoire ou digestif, chaque être humain possède donc ce système ENDOCANNABINOÏDE, connu du monde scientifique depuis environ 20 ans: il régule l’humeur, l’appétit, le sommeil, la digestion, les fonctions immunitaires, la douleur, la sensation de manque…
Cette donnée primordiale dans le bon développement et le bon fonctionnement du corps humain n’est malheureusement toujours pas prise en compte dans la plupart des diagnostics ou encore enseignée en France. De plus en plus de médecins souhaitent pourtant en connaître d’avantage sur le sujet ou se former dans ce domaine qui pourrait apporter de nouvelles possibilités thérapeutiques, notamment pour ces nombreuses pathologies ou maladies qui restent encore incomprises, sans traitements disponibles ou trop côuteux sur le marché actuel… Que ce soit concernant le trouble du spectre de l’autisme, la schizophrénie ou aussi bien certaines maladies rares… Notre système endocannabinoïde ne nous pas encore livré tous ses secrets…

LA PEUR DU CHANGEMENT
Je n’étais pas parti à la base pour faire du journalisme Gonzo mais je voulais quand même savoir ce dont je parlais et ce à travers ses différentes formes utilisées. Du coup, dans Cannaphobia ça parle beaucoup cannabidiol, normal, c’était mon point de départ, mais il y aussi de l’industriel, du cannabis « attention-ça-a-peut-être-des-bienfaits-mais-ça-vient-de-la-plante-du-diable-donc-pas-certain-que-ce-soit-vraiment-thérapeutique », mais aussi du droit, de la biologie, un tout petit peu d’histoire, et bien sûr, du récréatif. Pourtant la récréation est finie depuis longtemps (dixit Nico) pour les consommateur de THC qui pour certains ont l’âge de nos grand-parents…

Concernant le THC, justement, pour en parler rapidement dans son contexte récréatif ou social, il est le plus souvent utilisé pour l‘ivresse cannabique qu’il procure en plus de cette relaxation, plus puissante si la variété utilisée est de type INDICA et plus stimulante si elle est de type SATIVA. Le THC modifie la perception de l’espace et du temps et je dirai même qu’il modifie variablement la personnalité de chacun… il peut accentuer la bonne humeur tout comme entretenir l’état de dépression ou de mal-être pour d´autres, en plus du fait que nous pouvons tous avoir des réactions différentes à la molécule, un peu comme avec l’alcool, même si ses effets sont différents.
Et quelques soit les substances psychotropes utilisés, qu’elles soient légales ou pas, pour le public jeune il est très fortement recommandé que ces modes de consommation soient retardés le plus tard possible en terme de prévention. C’est vraiment important pour le bon développement des neurones d’attendre l’âge adulte avant de rentrer dans ce type de consommation.

C’est parfois difficile d’en parler avec certains consommateurs de THC qui ne veulent pas reconnaître les risques inhérents à cette substance tel que les possibilités d´accoutumance, même si elle reste principalement psychologique contrairement à d’autres drogues, même légales, qui elles provoquent une addiction physique... Bien que le cannabis, et plus précisément le THC soit connu pour pacifier les esprits, j’ai cependant pu constater qu’il pouvait rendre violent certaines personnes ayant des antécédents psychiatriques ou rendre irritables certaines personnes sensibles à cette molécule, bien que cela ne concerne qu’un très faible pourcentage de la population.
Voilà aussi un autre exemple pour lequel il ne faut pas faire d´amalgame concernant le THC et la schizophrénie, le THC étant risqué pour ceux qui le sont déjà ou qui ont un terrain sensible ou favorable à son développement ou d´autres maladies psychiatriques: ces personnes ne devraient pas en consommer sous peine de risquer d’augmenter ces psychoses ou crises. Le CBD va quand a lui progressivement devenir un traitement efficace pour la schizophrénie, et d´autres troubles mentaux, grâce à ses propriétés anti-psychotique. Dans un futur proche, la plante de cannabis sera donc à raison plutôt considérer comme pouvant traiter cette maladie que de la provoquer. Quand on regarde tout ça de plus prêt, l’usage du THC n´est pas plus dangereux et comporte même nettement moins de risques que l´alcool qui est trop souvent à l´origine d´accidents mortels, violences conjugales et féminicides qui restent toujours aussi nombreux...

Concernant le Cannabis, c’est aussi une question d´image: pourquoi ne pas l´assumer et sortir un peu de cette hypocrisie ambiante? Nous restons le pays d´Europe où la consommation du cannabis est la plus élevée malgré la plus forte répression à ce sujet. Preuve flagrante que la prohibition est un échec cuisant. « Préserver notre jeunesse« . C’est en Hollande où l’on trouve le taux de consommation de cannabis le plus bas d´Europe chez les jeunes. Pas besoin d’en rajouter. De toutes façons, dès qu’un dealer ou un grossiste est arrêté ou incarcéré, un autre prend sa place et les consommateurs continuent de pouvoir s’approvisionner facilement dans n’importe quelle ville. La prohibition en France c’est comme essayer de vider l’océan à la petite cuillère ou nettoyer ses rivages…

MULTI-TÂCHES
On dit que tout est bon dans le cochon et cela s’applique également au cannabis, dans le sens où toutes les parties de la plante sont exploitables: de la tête au pied en passant par les racines jusqu’à la centaine de molécules produites par la plante, c’est en fait une véritable usine; des fibres, du cordage, du papier, de l’alimentaire, du carburant, etc… de quoi réduire la déforestation, stopper la pollution du plastique en le produisant avec du chanvre qui est biodégradable et j’en passe… Cela fait 25 ans que j’entend ça mais la situation n’a pas tellement évolué depuis… Mais c’est quand même bon de le rappeler à chaque fois… R.i.p Jack Herer.

Il y a tant de possibilités, de choses à comprendre pour chaque domaine, chaque branche, trop d´histoires, de passifs et de personnages dans chaque spécialité. Tant de choses à raconter qu’on pourrait faire un reportage sur autant de spécialistes de chaque discipline… Je me suis rendu compte au fur et à mesure du tournage de la richesse et de la complexité de ce sujet qui m´a vraiment fasciné…
C’était tellement intéressant que je me suis quelque peu égaré sur la route, une piste en amenant une autre – même si parfois c’était une impasse – une interview en amenant à une autre et ainsi de suite jusqu’à ce que je me retrouve à l´entrée de cette jungle silencieuse. J’étais parti trop loin, à la limite du hors sujet, et j’avais besoin de faire retour en arrière pour mieux comprendre où j’en étais.

DES ENTRETIENS INSTRUCTIFS ET PASSIONANT
D’où l’idée de présenter Cannaphobia avec une trentaine de vidéos additionnelles en plus du documentaire, qui permettraient de mieux comprendre le sujet dans sa globalité et de rajouter des informations complémentaires ou plus techniques pour ceux qui sont le plus intéressés… Beaucoup d’extraits rallongés des interviews commenceront dès la semaine prochaine à être disponibles en accès libre sur le site internet cannaphobia.fr… En fait je me suis rendu-compte en faisant ce travail qu’il faudrait des dizaines et des dizaines de documentaires comme celui-ci pour contribuer à changer les mentalités…
Car bien que ce soit pratiqué ou toléré par un grand nombre de personnes en France ce n’est pas encore acquis, ou simple à assimiler pour tout le monde. Le côté négatif ou stéréotypé ressort encore trop souvent en premier lieu… les cerveaux ont vraiment été bien lavés et relavés pendant ces dizaines d´années de prohibition.

Certains préfèreraient encore continuer de souffrir, voir pire, que de consommer un remède issu de chanvre ou de cannabis, preuve que toutes ces années de prohibition ont vraiment bien œuvré… À tel point qu´il faut même parfois mettre des gants en France pour aborder l´aspect potentiellement positif du Cannabis… Pourtant toutes les dernières couvertures de magazines à gros tirage présentaient bien le cannabis sous un jour favorable en tant que produit thérapeutique, au grand dam de l’Académie de pharmacie. Cette nuance entre soigner et guérir, entre le chanvre bien-être et le cannabis à visée thérapeutique.

Paris, France
De mon côté je ne suis pas là pour faire l´apologie du cannabis, loin de là, mais plutôt pour communiquer des informations tangibles relayées par des professionnels du secteur, et tenter de faire de la prévention et de la réduction des risques autour de ce thème, choses qui ne sont pas si évidentes à faire dans de bonnes conditions en ces temps de prohibition, dont l’ère commence sérieusement à s‘essouffler.
DES CHIFFRES ET DES LETTRES
Tout en préparant ce travail documentaire, et tout comme pour la campagne de Crowdfunding, je me suis bien rendu compte de la censure oppressante et persistante concernant cette plante, que ce soit sur les réseaux sociaux ou à différents niveaux… À ce moment là je n’imaginais pas que ces recherches sur le sujet et mon implication auraient un tel impact sur ma vision des choses et également sur ma vie… ma ligne directrice a donc changé de cap plusieurs fois depuis le début du tournage.

J’ai aussi réalisé à travers ce Crowdfunding que les mentalités n’avaient pas autant changé qu’on voulait bien nous le faire croire… Depuis que j’ai commencé ce documentaire et surtout par rapport à la communication lancée autour du projet, j’ai bien remarqué comment certaines personnes de mon cercle professionnel, ou même relationnel, ont retourné leur veste…
Les vestiges de la prohibition: un scandale médical, sanitaire et social
Par la suite j’ai rencontré sur plusieurs évènements cannabiques des patients utilisant du cannabis à visée thérapeutique ou même ceux qu´on appelle des patients-experts: ils ont acquis beaucoup d’expérience dans ce type d´utilisation et soutiennent et conseillent les autres patients. C’était souvent très pesant d’entendre les témoignages des malades, leurs nombreuses complications pour trouver ces produits alors qu’ils souffrent déjà énormément. « Le droit au bien-être est un des principes fondamentaux de la déclaration des droits de l’homme », et comme nous l’a rappelé la grande Mishka, autrice et éditrice chez Mama éditions, « la définition de la santé par OMS, l’Organisation mondiale de la santé, c’est un état de bien-être physique et moral, donc la santé et le bien-être c’est la même chose, donc parler du cannabis bien-être et du cannabis santé pour moi c’est absurde »

Pourtant les auditions et études du comité temporaire (le CSST) créé pour étudier la question, ont abouti à mettre en place une expérimentation de prescription qui débutera en 2020: du THC/CBD sous forme de fleurs et préparations magistrales notamment, disponibles en pharmacie sur ordonnance, pour un nombre restreint de patients et pour une durée limité, qui devrait aboutir à un QUESTIONNEMENT sur ce thème.

Oui c’est une victoire, mais une victoire à demi-teinte, ceci concernant au départ entre 2000 et 10000 personnes qui auraient pu y participer sur prescriptions de leurs médecins, et toujours pas de dates fixées pour la mise en place du projet à grande échelle. Et finalement, j’apprend il y a quelques jours que cela débutera en mars ou avril 2020 au lieu de janvier et que seulement 1000 patients, seulement 1000 patients en France pourront bénéficier de cette expérimentation… si ça continue comme ça on va faire comment… Une loterie pour ceux qui souffrent le plus?

Peut-être que je me suis rendu compte un peu tard que j’avais un problème d’empathie pour traiter ce sujet sous cet angle et éviter de tomber dans le pathos. Doit-on encore faire patienter plus longtemps ces patients, ces personnes, ces êtres vivants qui n’ont plus le temps d’attendre quelques mois ou quelques années, comme ils le disent eux même, beaucoup ne seront plus de ce monde quand toute cette machinerie du cannabis médical industriel se sera enfin concrètement mise en place.

Pourquoi le contraire est-il toujours appliqué…? Tout cela reste à l’encontre du bon sens moral même s’il est vrai que le débat avance. Ces patients, pour la plupart, n’ont pas d’autres choix que de se tourner vers le marché noir ou les réseaux sous-terrain d’entraide entre patients. † Exposer ces personnes qui restent hors-la-loi aux yeux de la justice n’est pas non plus évident étant donné que je ne souhaitais pas filmer de témoignages floutés et encore moins de caméras cachés pour Cannaphobia. Ce n’est donc pas moi qui ferais un beau documentaire sur le cannabis thérapeutique… je préfère traiter le sujet dans son ensemble, en abordant aussi l´aspect social.

PLUS ON CREUSE, PLUS C´EST PROFOND
Quand on regarde le fond on plonge donc directement dans l’aspect dramatique de cet univers; des patients dont la douleur devient insupportable à gérer au quotidien et qui souvent ne peuvent avoir accès aux traitements appropriés, des entrepreneurs français qui se voient trainés en justice et jugés par la presse comme des trafiquants de stupéfiants à la première occasion, et même concernant les simples consommateurs, ces « récréatifs » qui pourraient égayer un peu le tableau, ils sont toujours considérés comme des criminels aux yeux de la loi et se retrouvent pour certains isolés socialement. De la détresse, de l’inaction, de la souffrance, de la désinformation, de l’incompréhension, de l‘errance thérapeutique… et des peines de justice.

« J’ai réalisé à travers mes divers engagements que ce qui m’est profondément insupportable, c’est quand on porte atteinte à ces libertés sur des fondement qui ne sont pas rationnels ou basés sur des mythes et des peurs »
Ingrid Metton, avocate pénaliste
ATTENTION SPOILER
Disques durs saturés, mémoire saturée, plus de budget, notes raturées… coup de blues ou ras-le-bol, envie de pousser un gros coup de gueule… était-ce bien le message que je voulais faire passer? Je pensais qu’après avoir pris du recul par rapport à tout ça, même si ce n’était pas des vacances, mon indignation se serait estompée, mais bien au contraire elle n’a fait que s´amplifier… De toutes ces mésaventures en a découlé une certaine amertume de ne pas pouvoir réaliser tout ce que je voulais car ni le temps, ni les moyens suffisants… j’ai pourtant trouvé un compromis et j’ai quand même pu regrouper un grand nombre d’interviews captivantes tout en ayant fait de très belles rencontres… Au final, le plus important que je dois retenir, c´est d’avoir pu en faire autant avec si peu de moyens. Du coup, plus qu’un reportage, un film documentaire, c’est devenu une expérience et une aventure humaine avant tout. C’est vraiment le côté le plus positif à retenir pour moi au sujet de Cannaphobia.

LA CULTURE DE L´ILLICITE
Tout n’est pas blanc, tout n’est pas noir, la zone grise en Espagne, le flou juridique en France. Flou qui est selon un grand nombre de personnes du secteur volontairement entretenu pour éviter que trop de gens se lancent dans cette industrie, pendant que les entreprises étrangères, elles, se structurent ou continuent de se développer que ce soit concernant le THC, le CBD, les extractions, la transformation ou d’autres cannabinoïdes prochainement disponibles sur le marché international…

Barcelone, Espagne

Barcelone, Espagne
CANNABISNESS?
Tu aimes le cannabis, tu as l’âme d’un entrepreneur et tu souhaites réussir dans ce milieu? À l’heure qu’il est, beaucoup de français délocalisent leurs activités ou préparent leurs départs à l’étranger, dans des pays où les lois sont plus favorables et d’où ils peuvent exporter en France en respectant les lois européennes, s’il s´agit en l´occurrence de chanvre ou produits CBD. On en est un peu là, car pour l’instant, rien n´est encore mis en œuvre concrètement pour favoriser cette filière en France. Le gouvernement n’étant pas clair, les banques restent frileuses…
Pourtant, concernant ne serait-ce que le chanvre, le chiffre d’affaires du défibrage en France représente quand même plus de 40 millions d’euros, chiffre communiqué par le ministère de l´agriculture, et notre pays reste le premier producteur de chanvre d´Europe. Bonne nouvelle, une autre commission s’est créée et étudiera la question du chanvre pendant un an au cours duquel elle effectuera des auditions, comme le CSST a pu le faire pour le thérapeutique ces derniers temps.

La mission d’information va avoir lieu à l’assemblée nationale et va durer presque un an: vont être aborder la question du chanvre bien-être, mais également l’aspect thérapeutique et récréatif. Il va y avoir des commissions permanentes qui vont en faire partie, et en plus seront aussi abordés la question des lois, le développement durable, les affaires sociales, donc plusieurs points parmi lesquels viennent de s’ajouter la commission sur l’éducation.
Après avoir analysé toutes ces données, j’avais besoin de prendre un peu de recul avant de revenir sur ma ligne directrice mais laquelle? Entre ce que je ne peux pas dire, ce que je ne dois pas dire et ce que je ne veux pas dire… les choses se sont compliquées… Même si je me suis retrouvé souvent seul dans la réalisation de ce documentaire, c’est en tous cas grâce à vous et tout votre soutien moral, vos précieux conseils, pistes et vos encouragements à ne pas lâcher l’affaire que j´ai aussi pu continuer et tenir bon.

L´ACTUALITÉ, LA POLITIQUE ET L´ICEBERG.
Pratiquement rien n’a changé concernant les textes de lois et le cannabis depuis que j’ai commencé ce documentaire, juste deux nouvelles variétés de chanvre ajoutées au catalogue des semences, de nouveaux cannabinoïdes synthétiques ajoutés à la liste des stupéfiants et l’Assemblée nationale qui a donné le 25 octobre dernier son feu vert à une « expérimentation » de l’usage médical du cannabis… Dernièrement, il y a eu tout de même un cas qui pourrait faire jurisprudence en France à propos du cannabidiol: Maître Plouton a réussi à faire valoir par une cours de justice, à Bordeaux, « l´inconventionalité » de l´arrêté du 22 Août 1990 et de la note de la Mildeca, le parquet n’a pas fait appel et les fleurs de chanvre ont même étaient restituées au gérant.
À la suite des nombreux cas de relaxes à travers la France ces derniers mois, tel que celui de Nils Gagnaire de Foxseeds à qui les saisies ont également été restituées après une agréable garde à vue, on pourrait croire que la situation est en train de s´améliorer pour ces entrepreneurs ou commerçants. Seul ombre au tableau, le cas d’Armel à Royan, à la couleur de peau plus foncée que son collègue du nord, a récemment écopé de 3 mois ferme pour les mêmes produits, avant de faire appel… Justice géographique? Pourquoi tant de différences de traitements pour la même substance et encore une fois comment qualifier de stupéfiant un produit qui n’a aucune propriété psychotrope?

Au départ, c’est vrai, je connaissais le sujet dans ses grandes lignes mais j’ai revu mes classiques et je me suis par la même replongé dedans. Et presque chaque fois on me répétait « c´est une histoire de politique ». Non, ce n’était pas une direction que je voulais prendre, bien que l´on puisse en parler longuement. Beaucoup pensent que le gouvernement français joue également les prolongations pour faire trainer toute cette histoire le plus longtemps possible jusqu´aux prochaines élections, comme levier de pression ou pour ne pas perdre une partie de son électorat… et ce, bien-sûr, même au sujet de l’aspect « récréatif », dont les économistes ont dernièrement rapporté au premier ministre l’énorme potentiel financier que cela pouvait représenter.

« avec le cannabis il n´y a pas cette violence, ce manque de respect, c´est peaceful et c´est peut être ça qu´ils ne veulent pas en fait… »
François-Xavier Monbelli
Comme je l´avais déjà mentionné auparavant, je reste vraiment « Apolitique » même si je situe le trio Pyramidale du moment ainsi que la ministre de la maladie… En tous cas il est certain que le ou la président(e) qui légalisera le cannabis, aussi bien la partie thérapeutique que son usage social, restera historique. Mais il va falloir faire durer le suspens encore quelques saisons, souffrir et se taire encore pour un bon moment…

L´alcool tue, le tabac tue, les opioïdes tuent, même certains médicaments consommés à l´excès, tout comme le sucre ou le café, peuvent tuer. Mais le cannabis qui possède autant de vertus en termes thérapeutiques est encore interdit pour l’instant chez nous, alors que la molécule la plus souvent incriminée, le THC, est bien moins nocive sur le long terme que les autres substances précédemment cités. Bien que le THC soit potentiellement addictif, encore une fois selon les cas et en considérant aussi ceux qui sont des sujets à risque en terme d’addiction, il n’y a pas de dépendance physique comme avec les autres drogues légales… mais il est vrai que le THC devient beaucoup plus addictif lorsqu’il est consommé avec du tabac. Mais toujours pas de conséquences mortelles direct pour le cannabis, bien qu’il puisse y avoir un véritable danger de le consommer avec d´autres substances psychotropes, ou avec de l’alcool par exemple.
Et pourtant le « Cannabis dit Médical », ou plus précisément le Delta 9 Tetra-Hydro-Cannabinol, plus communément appelé le THC, est autorisé depuis plusieurs années dans les textes de loi, selon l´article
R5132-86 du code de la santé publique, pour permettre les expériences scientifiques ou s’il se présente sous forme de médicaments (et qu´il a obtenu l’autorisation de mise sur le marché par l’agence du médicament). Mais l’ANSM, l’agence du médicament, veille au grain et ne donne presque jamais ces autorisations de mise sur le marché…
QUEL EST LE PROJET, QUEL EST LE CONCEPT?
L‘interdit persiste et perdure, et encore une fois c´est entre autres cet interdit qui continuent d’attirer les jeunes et ne nous permet pas d’avoir un discours de prévention vraiment efficace à grande échelle. J’ai réalisé récemment que c’était également cela qui m’avait attiré dans ma jeunesse de par son parfum d’illégalité ou les airs provocateurs scandés par nos idoles. En 2020 il y aura probablement toujours autant de personnes qui auront moins de mal à faire leur coming out que d’avouer leur consommation quotidienne de cannabis, car il persiste une forte volonté de ne pas vouloir intégrer cette plante à notre culture. On s’y est juste habitué et c’est devenu normal de vivre dans l´hypocrisie et le mensonge pour beaucoup. En à peine un siècle, on nous a appris à haïr cette plante et à vivre dans la clandestinité pour beaucoup.

« On n‘est pas des parias, on est des gens normaux, on est des professeurs d‘université, des professeurs de collège, des médecins… du showbiz bien entendu… des gens qui sont normaux pour moi et qui sont même excellents dans leurs professions donc il n‘y a aucune raison de les diaboliser comme le fait la prohibition« .
Francis Caballero, Avocat
DES TORRENTS DE LIQUEUR
J’y reviens encore, l‘alcool est un véritable fléau à un certain niveau de consommation, mais ce dernier est resté tellement ancré dans notre culture… Des milliers de morts chaque année pourtant l´alcool est partout présent et que ce soit dans la rue, les réseaux sociaux ou même des sites d´informations, je vois plus de campagne publicitaires en faveur de l´alcool que de prévention… À ce niveau de consommation nationale où on en est arrivé, je me demande même à quoi servent toutes ces campagnes d‘affichage si ce n’est juste du matraquage. Selon l’ANPAA, la France fait partie des pays les plus consommateurs d’alcool au monde, se situant au 6ème rang des pays les plus consommateurs d’alcool chez les 15 ans et plus parmi les 34 pays de l’OCDE. Et cette mode qui a commencé il y a quelques années de boire si vite chez les jeunes, des boissons alcoolisées et sucrées, qui montent vite au cerveau et en amènent parfois certains au coma éthylique ou au décès n´arrange rien…
image manquante de la prochaine campagne de prévention contre le cannabis.
D’avoir perdu des proches, en plus des problèmes de santé, est un des facteurs qui m’avait poussé à arrêter de boire il y a quelques années. On peut même dire que j’avais tout arrêté en plus de l´alcool; le cannabis, le tabac, le café… Quelques milliers de verres refusés plus tard, je pensais vraiment être tiré d´affaire et pourtant… mais c’est dans le creux de la vague que les tentations sont toujours les plus violentes.
C’est quelque part aussi pour m’aider moi-même à tenir bon dans cette abstinence que j’ai commencé à « essayer » d’aider des proches en difficulté à arrêter de boire, mais c’est tellement difficile au point où on en est de la banalisation de cette boisson… c’est comme perdu d´avance. À moins de faire une véritable cure ou se retirer le temps du sevrage. Et ironiquement pendant cette période sombre où j’avais l’impression de voir encore plus de publicités en faveur de l´alcool à chaque coin de rue, les seul rares campagnes de prévention sur lesquels je tombais par hasard concernait le cannabis…

À travers mes récents déplacements j’ai eu l´occasion de recroiser certaines personnes qui consommaient du cannabis depuis très longtemps, et certains étaient aussi arrivés à s’en détacher, mais j’ai finalement rencontré très peu de gens qui étaient arrivés à se sortir totalement de leur consommation quotidienne ou abusive d‘alcool.

Sur le tableau des addictions, dont les mécanismes m’ont toujours intéressés, tout comme les états modifiés de conscience, j’étais estomaqué de voir que l´alcool et le tabac, pourtant légaux, ont un potentiel encore plus addictif que la plupart des drogues prohibées et sont responsables de beaucoup plus de morts à travers le monde de par leur facilité d’accès… Et comme on me l´a répété plusieurs fois ces derniers temps, TOUT ce qui est en train de se mettre en place, avec longueurs, que ce soit pour le cannabis dit thérapeutique ou « le chanvre bien-être dans son corps et dans sa tête » n’est pas en train de se mettre en place pour la santé des gens, mais au nom de l´ARGENT.

DE LA VAPEUR QUI FAIT PEUR
La vape c’est de la réduction des risques, la vaporisation c’est aussi de la réduction des risques. La vaporisation permet de vaporiser des plantes sans combustion et la vape permet de vaper ou « vapoter » des molécules tel que la nicotine ou du CBD par exemple, en évitant également cette fumeuse combustion.
Et ça aussi c’est une question de santé publique. Parler des alternatives à la combustion, continuer la prévention, ce que fait également l’association NormL France avec notamment Arthur et Kevin qui nous ont parlé RdR (réduction des risques).

Après m’être déconnecté des réseaux et des informations suite à une traversée du désert qui avait un peu trop duré, j’ai commencé à me douter que quelque chose s’était passé lorsque des inconnus, me voyant vapoter, venaient, parfois la clope au bec, me prévenir des dangers de la vape, « Attention mec y‘a des gens qui y sont restés avec ton truc au States… »

« il n’y a pas plus rapide comme voie pour administrer une substance au cerveau que l’inhalation. »
Jacques Le Houezec, tabacologue
il y a eut une dizaine de morts et une centaine de malades aux États-Unis suite à l’utilisation d´e-liquides huileux issus du MARCHÉ NOIR qui contenait du THC mélangé à de l’acétate de vitamine E, dont la cause de ces décès est le support huileux, « Si quelqu’un boit de la javel, le problème n’est pas le verre mais le produit » comme explique Mickaël Hammoudi, spécialiste de la vape. Des produits artisanaux et dangereux qu’ils ne faut absolument pas utiliser, c’est certain. Les médias ont alors pratiquement tous sauté sur l‘occasion pour descendre la vape tout entière comme un employé de l´AFP adepte du copié/collé…
Mais cela n’est en rien comparable au marché du tabac, qui comptabilise tout de même plus de 6 millions de morts par an dans le monde. Et suite à cette affaire, c’est l‘Inde, deuxième producteur mondial de tabac qui interdit la vape. C’est gros comme un porte-avion et la faucheuse reste avide. Rien à voir, non plus, avec les produits de vape que l’on peut trouver sur le marché français et qui sont tous très réglementés, comme vient de le rappeler l‘Académie nationale de médecine en défendant la vape.
Mais les commerçants de cigarettes électroniques ont bien constaté les baisses de leurs ventes et de passages des primo-accédants ces derniers temps. Il est bien-sûr fortement déconseillé de vaper des e-liquides issus du marché noir et les professionnels du secteur à qui je me suis adressé sont formels sur le fait que l’huile de cannabis et les produits contenant de l‘huile ne doivent pas être vapés. Leur composition doit contenir, en pourcentages variables, du propylène glycol, de la glycérine végétal, des arômes et la molécule active concernée.

Klop´Innovation – Marmande, France
Les médias ont aussi leur part de responsabilité et un fort pouvoir de persuasion de masse mais comment font-il pour rendre cette désinformation aussi persuasive? Je n’ai jamais entendu autant de gens me dire « Ouais, mais la vape on sait pas ce qu´il y a dedans! » que ces derniers temps…
Entre l‘histoire, la science, le droit, toutes ces informations ont mis mon cerveau en ébullition, un peu comme si j’étais retourné faire des études. Et puis je me suis rendu compte que réussir à vulgariser toutes ces informations pour les rendre accessible à tous n’est pas chose si aisée. Et quelque part c’est comme si je ne savais plus trop si j’étais là pour amener des réponses ou encore plus de questions…

TEMPUS FUGIT
J’aurai également aimé interviewer Eric Correia qui a largement dynamisé le dialogue autour du chanvre bien-être et du thérapeutique, mon ami Florent Buffière à qui j´avais pensé dès le départ du projet, Djamel Nordine Tsamer, Xavier Puf-Puf, K-shoo et Jean-Pierre Galand du CIRC, Max Andrieu, Nishey, Bertand Rambaud, Michael de Fata Morgana, Bertrand Lebeau et beaucoup d’autres qui connaissent très bien ce sujet mais le tournage de Cannaphobia est passé si vite… à suivre…
Sans parler du travail des associations et de leurs bénévoles, que ce soit NormL France, Cannabis sans frontières, le CIRC, l´UFCM I-care, S.O.S Addiction, Principe Actifs etc… Adhérez, soutenez leur efforts de communication et leur travail de prévention, d´autant plus qu’ils le font avec très peu d´aides. Ainsi que tous ceux qui développent et structurent de tels évènements autour de la plante en contribuant à nous éloigner peu à peu de sa diabolisation et à nous rapprocher d’une meilleure compréhension et communication globale autour de ce thème.

Et on dirait qu’il y a toujours cette volonté de diviser et de cloisonner la plante en divers secteurs, pour résumer: la partie industrielle au sommet, la partie cannabis bien-être (chanvre/ CBD), la partie dite à visée thérapeutique et pour finir la partie récréative ou à usage social, terme nettement plus approprié, qui elle même peut avoir d’autres utilités. Mettez les ensemble dans la même pièce ne serait-ce que 20 minutes et vous allez prendre votre pied. Sans jeux de mots, juste repartir avec une bonne migraine carabinée. Chacun défend sa paroisse et les fidèles restent égarés… On parle pourtant tous de la même plante mais chacun prend une direction différente, « en créant des accidents sur leur propre route »… Il y a une division incroyable dans ce milieu.

Bien que les deux associations historiques de malades usagers de cannabis, Principe Actifs et l´UFCM- Icare se sont apparemment réunies, il n’y a toujours pas d´unité entre toutes les autres associations et parfois même des guerres intestines divisent les acteurs du mouvement dans leurs propres structures. Des histoires d’égos et des dialogues de sourd. Il n´y aura probablement pas de Fédération Cannabique en France qui réunira tous ces activistes, associations, usagers ou défenseurs de la plante comme j´avais put le constater en Espagne au début de ce tournage, où la situation était beaucoup plus favorable de ce point de vue… Et le cannabis est aussi une question de point de vue. Beaucoup sont pour le thérapeutique uniquement, d’autres juste pour le CBD ou pour d’autres seulement son USAGE SOCIAL.
Et toujours autant de clivages.
Sans parler des prohibitionnistes dont les propos de beaucoup sont restés bloqués à l’époque de la télévision en noir et blanc ou même de certains anti-prohibitionnistes qui ne rendent pas les choses faciles non plus, bref, c’est un débat bouché et qui évolue péniblement… je proposerais donc un octogone pour qu’ils règlent leurs comptes une bonne fois pour toutes. Restez connectés, en attendant…
La prohibition a encore de beaux jours devant elle.
Cannaphobia continue…
Liens:
Les deux premiers teasers:
Extrait de l´ interview de Farid Ghehioueche
Présentation du FESTIVAL 420 par Christelle Garnier de NormL France.
BERTRAND RAMBAUD parle de la situation du cannabis à usage médical en France.
Extrait de l´interview de Béchir Bouderbala à Expogrow
Chaîne Youtube de #Cannaphobia pour s´abonner:
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Lionel Caprari
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twitter: @LionelCaprari
Cannaphobia